1789 : LES MENSONGES : du prétendu « bonheur du peuple » sous la révolution.
Mensonge 5/8 : Le mensonge du prétendu « bonheur du peuple » sous la révolution.
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En fait, la révolution est un martyrologe ouvrier, comme l’ont surabondamment montré les historiens d’extrême-gauche. « Les conséquences de l’assignat-monnaie furent multiples, écrit l’historien communiste Albert Soboul, professeur à la Sorbonne.
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Les compagnons & les ouvriers, payés en papier, virent leur pouvoir d’achat baisser. La vie renchérit, la hausse des subsistances entraîna les mêmes conséquences que la disette » (*dans, Histoire de la révolution française (Paris 1979, tome I, p. 241 ; tome II, pp. 156 & 165)).
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Au reste, le pouvoir révolutionnaire — un pouvoir bourgeois comme nous venons de le voir (note : dans le mensonge 4/8 « le peuple au pouvoir ») — mène une politique systématiquement anti-populaire.
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Dans le fameux an II, « Saint-Just fait arrêter comme suspects les ouvriers en grève » (**dans, La révolution française, par François Furet & Denis Richet (Vervier 1979, pp. 247 & 346)), et la Commune de Paris impose un « maximum des salaires »** qui est une baisse considérable de ceux-ci, allant jusqu’à près du tiers.
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Dès lors, « les classes populaires sombrent dans le désespoir. Hommes & femmes tombent d’inanition dans les rues, la mortalité augmente, les suicident se multiplient »*.
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L’historien anglais Richard Cobb a constaté que, dans les quartiers populaires de Rouen, au début de l’an IV, la mortalité a atteint le quadruple de la normale : 700 morts de plus par mois, dans cette ville française.
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Des ouvriers, des ouvrières & leurs enfants, morts de faim & de froid**. À Paris & dans sa banlieue, l’an IV se solde par un excédent de 10.000 morts sur les naissances.
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Le porte-parole des pétitionnaires des sections populaires Jacques Roux, a le courage de dire que pareille situation criminelle n’aurait pas été possible sous l’Ancien Régime : « Sous le règne des Sartines & Flesselles, lance-t-il à Robespierre, le gouvernement n’aurait pas toléré qu’on fît payer les denrées de première nécessité trois fois au-dessus de leur valeur ».
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Il en est de même pour les paysans petits propriétaires ou ouvriers agricoles. Comme l’a noté un autre historien communiste, prédécesseur de Soboul à la Sorbonne, Georges Lefebvre, la révolution « a coûté très cher » au paysans pauvres (dans, Études sur la révolution française, (Paris 1963, pp. 246 à 268).
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La suppression de l’impôt ecclésiastique, la dîme (à la charge jusqu’alors des propriétaires) & la suppression des biens d’Église, suppriment les aides sociales considérables que cet impôt & ces biens finançaient au bénéfice des pauvres, en cas d’intempéries, de disette, pour les semences, etc., (ainsi les habitants de l’Aubrac (Lozère) se plaignent le 4 juillet 1790 à l’Assemblée nationale de la disparition des aides considérables qu’ils recevaient de la dîmerie & chapitres de la région, (dans, La révolution en Lozère, par l’abbé Pierre Delon, Mende 1922, p. 44)).
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La suppression du régime seigneurial & de la communauté rurale, l’octroi de la liberté de culture & du droit de clore les terres, suppriment en fait la « co-propriété » (formule de Soboul) des terres des seigneurs & paysans riches qu’assuraient aux pauvres les vieux droits communautaires.
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Ces vieux droits de vaine pâture, de parcours, de glane, de glandée, de prises de bois, etc., qui permettaient aux pauvres d’exploiter en second les terres, prés & bois des seigneurs & des riches, & ainsi de se nourrir, d’avoir un petit bétail, de se chauffer, de construire.
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Va dans le même sens l’usurpation fréquente des communaux par les paysans riches ou aisés seuls admis à voter & à constituer les pouvoirs (il n’y a que 500, puis seulement 280 « électeurs » sous la révolution dans un département comme celui du Tarn, écrit Pierre Rascol, ***dans, Les paysans de l’Albigeois à la fin de l’Ancien Régime, (Aurillac 1961, pp. 241 & 237)).
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La suppression des droits seigneuriaux, très faibles (30 sous par an & par habitant dans le Tarn***), & souvent non recouvrés, est loin de combler la différence. Quant aux achats de biens nationaux (les anciens biens de l’Église saisis (note : pour ne pas dire « volés »)), ils dépassent presque toujours les moyens des paysans pauvres.
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Alors ces paysans pauvres essaient de réagir par des grèves massives : les grèves de moissonneurs & de vignerons ne cessent pas dans le second semestre 1793 & tout au long de 1794, a montré Coornaert.
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Ou bien les paysans pauvres s’insurgent contre la révolution, avec leurs ex-seigneurs, comme en Vendée, en Bretagne, en Normandie, dans le Lyonnais, en Lozère, etc.
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Mais, tôt ou tard, l’échéance arrive : les paysans pauvres, qui ne peuvent plus vivre sur l’ancienne communauté seigneuriale supprimée, doivent quitter la terre, s’exiler dans les villes. Devenus prolétaires, ils y seront la proie sans défense du capitalisme industriel naissant.
Jean Dumont.
Extrait de, « Pourquoi nous ne célèbrerons pas 1789 ».
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