Anne de Bretagne épouse de Charles VIII puis de Louis XII, sacrée deux fois.
Orpheline à 11 ans, Anne est à peine duchesse de Bretagne que déjà, elle doit s’imposer, en butte aux conseillers qui intriguent avec le roi de Castille et le roi des Romains, traitent avec le roi d’Angleterre, et se défient de Charles VIII. Jeune et remarquablement belle, talentueuse et instruite, elle laissera aux chroniqueurs de son temps l’image d’une femme au caractère affirmé et maintiendra, autour d’elle et sur le trône de France, la gravité et la modestie nécessaires à un pouvoir ferme mais juste.
Sur les bords de la Loire, dans ce joli château d’Amboise, d’où la vue s’étend sur les îles du fleuve et sur les coteaux chargés de vigne, Jeanne de France, fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie, vit s’écouler tristement les jours de son enfance, car elle était un objet de déplaisance pour son père.
On dit même que lorsqu’elle accompagnait sa sœur aînée, on la tenait cachée derrière sa gouvernante, pour que le roi n’eût pas le désagrément de voir les épaules voûtées de sa fille et la pose désagréable que donnait à l’enfant une jambe plus courte que l’autre. La princesse cependant développait en grandissant des qualités aimables ; elle annonçait de l’esprit, le goût de l’étude, une bonté que ses malheurs rendirent plus touchante ; il paraît même que ses traits n’étaient pas tout à fait dépourvus d’agrément. Quand elle eut atteint l’âge de douze ans, son père la maria au duc d’Orléans, âgé de quatorze ans, Louis, fils de Marie de Clèves et de ce Charles prisonnier trente ans en Angleterre, fils de l’infortuné duc d’Orléans tué par Jean sans Peur.
![]()
|
L’année de cette union, 1476, voyait naître Anne de Bretagne. Michel Baudier (Histoire du cardinal d’Amboise, 1634) et Jean Bouchet (Annales d’Aquitaine) ont prétendu qu’avant de contracter le mariage, le duc d’Orléans fit une protestation secrète contre l’alliance qui lui était imposée. Saint-Gelais, historien panégyrique de Louis XII, affirme que le mariage se conclut contre le gré de la duchesse douairière d’Orléans, qui n’osa résister à Louis XI, « vu l’homme que c’était. »
Louis d’Orléans ne témoigna jamais d’amour à sa femme ; mais il lui rendait justice. Un jour cependant qu’il parlait ironiquement de la beauté de Jeanne en présence de Louis XI : « Mon gendre, lui dit le roi, vous oubliez que votre femme est sage et vertueuse, et de plus qu’elle est fille d’une mère dont la sagesse n’a jamais été soupçonnée. » C’était un reproche indirect adressé à Marie de Clèves, mère du duc, laquelle s’était mariée secrètement avec Ribaudages, son maître d’hôtel.
Après la mort de Louis XI, sa fille aînée Anne de Beaujeu (Anne de France) ménagea d’abord extrêmement le duc d’Orléans, qui voyait avec peine le pouvoir entre les mains de la régente. Elle le fit nommer président du conseil ; mais elle ne tarda pas à voir que ce n’était pas assez pour lui. Louis d’Orléans voulait la régence et non une place au conseil ; il manifesta son mécontentement en mille manières, et affecta de manquer à ce qu’il devait à la sœur du roi. Un jour qu’il jouait à la paume, Anne de Beaujeu, appelée à juger un coup douteux, prononça contre lui : « Quiconque me condamne, dit le duc à demi-voix, si c’est un homme, en a menti ; si c’est une femme, est une... »
Lire la suite : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5618