Epître à la « canaille » républicaine
Vous conviendrez aisément, il me semble, que la seule vertu d'un président de la République, pur produit du suffrage universel, est d'avoir su séduire un électorat encore et toujours berné par d'illusoires promesses ; promesses que ce même élu, auparavant candidat, est contraint de débiter pour accéder au poste suprême et évincer ses concurrents. C'est là le principe même du jeu démagogique délétère, sempiternelle lutte étouffant la France. Cette fonction, que les candidats en nombre briguent avec tant de convoitise, n'est plus un outil au service de la France, mais un moyen d'assouvir une ambition toute personnelle.
En revanche, l'une des vertus d'un système monarchique est de tuer dans l'œuf les velléités démagogiques, car la fonction suprême de l'Etat ne fait plus l'objet d'une course électorale. C'est là la clef de voûte d'un tel régime politique : le roi ne remettant pas son titre "en jeu", il n'a à se soumettre ni aux manœuvres politiciennes des courants partisans, ni aux injonctions de lobbies servant des intérêts individuels, ni à la dictature d'opinion des medias, etc. Il peut oeuvrer en toute quiétude au Bien commun.
Mais pourquoi, me rétorquerez-vous alors, serait-il nécessairement vertueux en tant qu'individu ? Simplement parce qu'en chevillant de façon pérenne le roi au corps de la nation, le système monarchique en fait l'incarnation même de l'Etat, le responsabilise devant l'Histoire puisque amené à léguer « son oeuvre » à ses propres descendants. Avec un roi, exit ce petit jeu de la « patate chaude » autorisant les mensonges les plus éhontés, et qui consiste à incriminer son prédécesseur en l'accusant de tous les maux dont souffre notre pays. Il convient de comprendre cette différence fondamentale existant entre un « représentant de commerce » transitoire – je veux naturellement parler de la fonction présidentielle –, et un « père de la nation » permanent – puisque la mort du roi ne rompt pas le fil de la lignée dont il est issu.
Ceci sans mentionner combien l'image de la France s'en trouverait grandie aux yeux de l'étranger, eu égard au respect qu'impose d'emblée la stabilité et la continuité d'un tel système politique, aspect loin d'être négligeable dans une société, qu'on le veuille ou non, mondialisée.
Et s'il me prenait l'envie de dissiper en vous cette incrédulité viscérale que je vous devine m'opposer, je pourrais toujours tenter de vous rassurer en rappelant qu'un peuple mécontent a toujours la possibilité d'écarter un monarque qu'il estime ne pas être à la hauteur de son pays ; du moins la version officielle de l'Histoire de France martelée dans les écoles de la République l'affirme-t-elle... ;)
Enfin, à tous les farouches partisans d'une démocratie poussée à son paroxysme, je ne résiste pas au plaisir de citer cet emblématique « porteur de la lumière républicaine » que certains chérissent tant, j'ai nommé Voltaire : « La démocratie pure est le despotisme de la canaille ». Eloquent...
Hugo Brémont