Étienne-Mathurin Paineau : Tambour-Major de l'armée vendéenne
ETIENNE MATHURIN PAINEAU (ou Péneau), dit le père la Ruine, est né le 22 janvier à Vezins. Il apprend le métier de tisserand. Mais subjugué par la passion des armes, il s'engage, à vingt ans, le 1er janvier 1780, comme grenadier royal du Poitou. Il est libéré le 15 décembre 1786 avec congé absolu, c'est-à-dire définitif. Toutefois, ne pouvant s'accoutumer à la vie civile, au bout d'un an, il s'engage de nouveau dans le régiment d'Armagnac, à titre de recruteur. C'est un poste qu'il remplit d'une façon parfaite. Sa haute taille, son profil bourbonien imposent et il sait parler aux jeunes, leur démontrer l'intérêt du service militaire et les convaincre. Il lui a fallu évidemment quitter le pays natal, la famille, mais la paie est correcte ; la vie de garnison lui plaît comme la vie des camps, pleine d'imprévus, d'aventures ; le costume militaire ajoute au prestige ; enfin, Paineau ne peut rester insensible à la gloire qu'on acquiert sur les champs de bataille au service du roi et de la France.
Entre-temps, il se marie avec Perrine Augeard et le ménage vient habiter Cholet, dans le quartier des Câlins.
Aux premiers jours de l'insurrection vendéenne, Paineau prend parti pour le roi, mais n'entre dans la grande armée catholique et royale qu'avec Henri de la Rochejaquelein, dont le regard d'aigle, la parole vibrante, le courage, la bonne humeur l'ont séduit. Il prend part à tous les combats comme tambour-major, entraînant les gars de Saint-Aubin, payant d'exemple. Il est blessé à l'épaule gauche à Chalonnes en 1793, au bas-ventre à Cholet en 1795, à la cuisse à Yzernay en 1999. Dans toute l'armée, il est devenu populaire. "Sa haute taille, écrit Pierre Gourdon, son air martial, son habileté à manier sa canne enrubannée lui conféraient un prestigieux ascendant sur les paysans. Ils admiraient son chapeau de gendarme, bordé de galons d'or et surmonté d'un énorme plumet auquel on se ralliait comme au panache blanc d'Henri IV. Cet ancien soldat avait la coquetterie de poudrer ses cheveux à frimas et d'en faire de longues nattes qui lui retombant sur les épaules. Quant à ses énormes favoris, il les nouait sous son menton, sauf le 21 janvier, jour anniversaire de la mort du roi. Ce jour-là, il les laissait flotter épars, en signe de deuil ..."
Il survécut à la guerre de Vendée, reprit toutefois ses galons en 1814 et fut incorporé en 1815 comme sergent dans la région départementale des Deux-Sèvres jusqu'en janvier 1816. Il se retira ensuite à Cholet où il participa à toutes les fêtes, particulièrement aux processions de la Fête-Dieu qu'il précédait, escorté de tambours et de fifres.
Le 28 mars 1816, les restes d'Henri de la Rochejaquelein, exhumés dans le verger de la Haye-de-Bureau, près de Cholet, étaient solennellement transportés à l'église Saint-Pierre, au roulement sourd des tambours, au son aigre des fifres que commandait le célèbre Paineau revêtu de son riche costume.
La Restauration, à celui qui s'était battu si courageusement pour le rétablissement des Bourbons, n'accorda qu'une pension annuelle de 60 F portée à 200 F en 1821.
Le 9 août 1827, il put assister, au Pin-en-Mauges, à l'inauguration de la statue de Jacques Cathelineau, le saint de l'Anjou ; "Le Chevalier de Lostanges le cite dans sa chanson pour Cathelineau :
Notre beau tambour-Major
Du Dieu Mars avait le port
Aussi ferme qu'un canon,
Père-la-Ruine est son nom.
Une canne à pommeau d'argent
Cheveux tressés, poudrés à blanc,
Chapeau bordé, panache blanc,
Servant de guide aux combattants
Au champ d'honneur toujours chantant :
"Vive l'autel et la foi,
Vive la France et son roi !"
Il mourut le 18 septembre 1830, presque aveugle et dans l'indigence. "Aucun nom dans la Vendée n'était resté réellement plus populaire que le sien", écrit Célestin Port dans son Dictionnaire Historique de Maine-et-Loire.
David d'Angers tint à venir à Cholet pour dessiner de face et de profil le célèbre tambour-major de l'armée vendéenne.
Nous avons utilisé, pour la rédaction de cet article, la documentation fournie par une descendante d'Etienne Mathurin Paineau, Mademoiselle Defois, directrice de la maison de retraite de Nueil-sur-Layon.
ELIE CHAMARD
Revue du Bas-Poitou
3ème livraison
Source : http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/04/14/26927913.html