L'Etat, la démagogie et le droit de penser (Observatoire du Royalisme)
Sarkozy nous l’avait promis, Sarkozy l’a fait. Mais avec un pitoyable timing et des conséquences géopolitiques éminemment dramatiques. La proposition de Loi sur « la négation des génocides » a donc été adoptée aujourd’hui même par l’Assemblée Nationale, malgré les réticences et les critiques d’un grand nombre de personnalités, du président de l’Assemblée Bernard Accoyer (UMP) à l’ex-ministre Eric Woerth en passant par la frétillante ministre de la « Culture ».
Si quelques journalistes et politiciens sérieux avaient rappelé, à raison, l’hypocrisie de la république sur la reconnaissance du Génocide Vendéen (Ivan Rioufol notamment dans une récente tribune de qualité) ou sur l’impertinence de l’utilisation parlementaire française pour dénoncer des crimes internationaux, peu s’attardent réellement sur la déclaration pourtant impressionnante du ministre des Affaires étrangères turc qui a fustigé la France de « créer ainsi un nouveau dogme d’interprétation de l’Histoire, qui interdit tout autre manière de penser ».
A l’heure où Jean Sévilla dénonce « l’Historiquement Correct » et la falsification volontaire de l’Histoire de France depuis les Lumières, cette déclaration turque, même si elle sert à défendre les indéfendables crimes commis contre le peuple arménien, a le mérite de pointer du doigt la pensée unique républicaine française, ces dogmes insidieusement entrés dans la société et qui rythment constamment les débats français.
Ainsi faut il se poser la question, peut être farfelue au premier abord, du droit de penser par soi-même en France, de suivre ses propres réflexions : le « sapere aude » des philosophes semble aujourd’hui bien surfait ! Si la pensée unique historique commence enfin à s’effriter grâce à l’indépendance d’esprit d’écrivains, d’historiens et de journalistes, l’on peut aisément se poser la question de la pensée unique politique et sociale, de ces dogmes de « la démocratie salvatrice de la tyrannie monarchique » ou de « l’Etat Providence » qui continuent allègrement de malmener le bon sens et l’intelligence même.
La république s’est toujours forgée sur l’écrasement de la contestation, qu’elle soit populaire (Génocide Vendéen) ou philosophique (reformation intellectuelle des jeunes générations). Orgueil et vanité sont les piliers de sa politique, dogmes et tabous ses armes intellectuelles et législatives pour asseoir sa puissance. Est-il dès lors surprenant qu’elle s’érige en juge et maître de l’Histoire internationale, légiférant à outrance pour pouvoir donner des leçons aux autres pays ? Est-il dès lors surprenant qu’elle inhibe toute indépendance intellectuelle, toute réelle philosophie politique en formatant dès le plus jeune âge les jeunes français à adhérer à ses dogmes ?
Ces sempiternelles lois mémorielles ne forment que la partie émergée de l’iceberg du carcan intellectuel républicain : le « négationnisme » politique ou social (comprenez l’opposition à la république), est depuis longtemps condamné, souvent par une mise au ban immédiate et sans préavis de la société. Doit-on rappeler les cas de Marius Plateau, Philippe Daudet et tant d’autres royalistes qui ont payé de leur vie leurs positions politiques ? Et l’on ne peut s’empêcher de citer Ulrich Wikert : « Même dans une société éclairée, les tabous nuisent aux causes qu’ils prétendent défendre. Car ils provoquent des peurs, et ces peurs induisent des comportements irrationnels, y compris en politique ».