Nous sommes les 67 !
Interpellés à 0h50, avec Ambrogio Riva, Gottfried et Carl Moy-Ruifey, alors que nous manifestions pacifiquement et silencieusement, malgré la présence d’I-Télé et du sénateur Yves Pozzo di Borgo voici ce que nous avons vécu.
Nous avons attendu plus de trois heures dehors, devant le commissariat, sans savoir ce qu’il allait advenir. Nous nous attendions alors à un simple contrôle d’identité. C’est en entrant dans le commissariat que nous apprenons qu’il ne s’agit pas de simples vérifications de routine. C’est la garde à vue. Selon les gendarmes mobiles et les policiers, « les ordres viennent d’en haut ». Ils sont les premiers à être surpris du traitement qui nous est infligés : ils préféreraient s’occuper des vrais délinquants.
Nous sommes parqués en cellule. Les 24 filles qui nous accompagnent sont dans une seule cellule, coincées au milieu de manifestantes malades, choquées, effrayées. Au milieu du vomi et des pleurs, elles tiennent debout. Les hommes ne se démoralisent pas non plus, et continuent à chanter toute la nuit, accompagnés des sourires complices de nos geôliers. D’autres improvisent des réunions politiques très secrètes au vu des caméras de la prison.
Toutefois, certaines choses nous rappellent que nous sommes en prison : nous n’avons pas l’heure, pas de communication avec l’extérieur ; sommes privés de notre liberté d’aller et venir, d’un bon lit, de nicotine et bonne chère ; devons nous rendre au cabinet sous la surveillance d’une demoiselle par ailleurs très accommodante ;et surtout, ne savons pas quand nous pourrons enfin sortir. C’est dur.
Les policiers, très embêtés de nous infliger cela, alors même qu’ils partagent tous nos opinions et qu’ils savent que nous sommes ce peuple reconnaissant de leur service, nous autorise à sortir de nos cellules et à déambuler dans le commissariat. C’est bien peu.
A 17h10, je fais partie des 10 premiers manifestants à recouvrer la liberté. Un comité d’accueil, rassemblé par la Manif’ Pour Tous et le Printemps Français, nous acclame. Nous tenons à les remercier dans cet article : ce fut un véritable baume au coeur.
Source :http://www.lerougeetlenoir.org/les-breves/nous-sommes-les-67